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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/415

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VIII


La tempête.


La mer est affreuse…

Des lames immenses d’un vert sombre, marbré d’écume blanche, dessinent leurs ondulations, tour à tour hautes et profondes, sur une large bande de lumière rouge qui s’étend à l’horizon.

Au-dessus s’entassent de lourdes masses de nuages d’un noir bitumineux ; chassées par la violence du vent, quelques folles nuées d’un gris rougeâtre courent sur ce ciel lugubre.

Le pâle soleil d’hiver, avant de disparaître au milieu des grands nuages derrière lesquels il monte lentement, jetant quelques reflets obliques sur la mer en tourmente, dore çà et là les crêtes transparentes des vagues les plus élevées.

Une ceinture d’écume neigeuse bouillonne et tourbillonne à perte de vue sur les récifs dont cette côte âpre et dangereuse est hérissée.

Au loin, à mi-côte d’un promontoire de roches, assez avancé dans la mer, s’élève le châ-