Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/416

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teau de Cardoville ; un rayon de soleil fait flamboyer ses vitres ; ses murailles de briques et ses toits d’ardoise aigus se dressent au milieu de ce ciel chargé de vapeurs.

Un grand navire désemparé, ne naviguant plus que sous des lambeaux de voile fixés à des tronçons de mât, dérive vers la côte.

Tantôt il roule sur la croupe monstrueuse des vagues, tantôt il plonge au fond de leurs abîmes.

Un éclair brille… il est suivi d’un bruit sourd à peine perceptible au milieu du fracas de la tempête… Ce coup de canon est le dernier signal de détresse de ce bâtiment qui se perd et court malgré lui sur la côte.

À ce moment, un bateau à vapeur, surmonté de son panache de noire fumée, venait de l’est et allait vers l’ouest, faisant tous ses efforts pour se maintenir éloigné de la côte ; il laissait les récifs à sa gauche.

Le navire démâté devait, d’un instant à l’autre, passer à l’avant du bateau à vapeur, en courant sur les roches où le poussaient le vent et la marée.

Tout à coup un violent coup de mer coucha le bateau à vapeur sur le flanc ; la vague énorme, furieuse, s’abattit sur le pont ; en une seconde la cheminée fut renversée, le tambour brisé, une des roues de la machine mise hors de service ;… une seconde lame, succédant à