Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux orphelines la subordination et le commandement.

Greuze se fût inspiré à la vue de ces deux jolis visages, coiffés de béguins de velours noir, d’où s’échappait une profusion de grosses boucles de cheveux châtain clair, ondoyant sur leur cou, sur leurs épaules, et encadrant leurs joues rondes, fermes, vermeilles et satinées ; un œillet rouge, humide de rosée, n’était pas d’un incarnat plus velouté que leurs lèvres fleuries ; le tendre bleu de la pervenche eût semblé sombre, auprès du limpide azur de leurs grands yeux où se peignaient la douceur de leur caractère et l’innocence de leur âge ; un front pur et blanc, un petit nez rose, une fossette au menton, achevaient de donner à ces gracieuses figures un adorable ensemble de candeur et de bonté charmante.

Il fallait encore les voir, lorsqu’à l’approche de la pluie ou de l’orage, le vieux soldat les enveloppait soigneusement toutes les deux dans une grande pelisse de peau de renne, et rabattait sur leurs têtes le vaste capuchon de ce vêtement imperméable ; alors… rien de plus ravissant que ces deux petites figures fraîches et souriantes, abritées sous ce camail de couleur sombre.

Mais la soirée était belle et calme ; le lourd