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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/420

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des pièces de bois de la drome. Tout à coup la malheureuse mère, qui, son enfant dans ses bras, et de l’or dans sa main, s’était déjà en vain adressée à quelques matelots pour les supplier de sauver son fils, avisant le jeune homme au teint cuivré, se jeta à ses genoux et lui tendit son enfant avec un élan de désespoir inexprimable… Le jeune homme le prit, secoua tristement la tête en montrant les vagues furieuses à cette femme éplorée… mais d’un geste expressif il sembla lui promettre d’essayer de le sauver… Alors la jeune mère, dans une folle ivresse d’espoir, se mit à baigner de larmes les mains du jeune homme au teint cuivré.

Plus loin, un autre passager du Black-Eagle paraissait animé de la pitié la plus active.

On lui eût donné vingt-cinq ans à peine ; de longs cheveux blonds et bouclés flottaient autour de sa figure angélique. Il portait une soutane noire et un rabat blanc ; s’attachant aux plus désespérés, allant de l’un à l’autre, il leur disait de pieuses paroles d’espérance ou de résignation ; à l’entendre consoler ceux-ci, encourager ceux-là, dans un langage rempli d’onction, de tendresse et d’ineffable charité, on l’eût dit étranger ou indifférent aux périls qu’il partageait.

Sur cette suave et belle figure on lisait une