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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/427

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traits eussent été rayonnants ; car dans ce moment, il se trouvait sous le charme des plus agréables pensées.

Après avoir posé la cassette sur une table, il se disait avec une satisfaction profonde :

— Tout va bien ; il a été plus prudent de laisser ces papiers ici jusqu’à ce moment, car il faut toujours être en défiance de l’esprit diabolique de cette Adrienne de Cardoville, qui semble deviner ce qu’il est impossible qu’elle sache. Heureusement… l’instant approche où nous n’aurons plus à la redouter ; son sort sera cruel, il le faut. Ces natures indépendantes et fières sont déjà nos ennemies-nées… par l’espèce même de leur caractère. Qu’est-ce donc, lorsqu’elles nous sont particulièrement nuisibles et dangereuses ?… Quant à la Sainte-Colombe, le régisseur est à nous : entre ce que cet imbécile appelle sa conscience, et la peur d’être à son âge privé de ressources, il n’hésitera pas ; j’y tiens, parce qu’il nous servira mieux qu’un autre ; ici depuis vingt ans, il n’inspirera pas la moindre défiance à cette sotte et ignoble Sainte-Colombe… Une fois entre les mains de notre protégé de Roiville… je réponds d’elle ; la marche de ces femmes immondes et stupides est tracée d’avance. Dans leur jeunesse, elles servent le diable ; dans leur âge mûr, elles le