Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/434

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— Oui, monsieur… à s’y méprendre… Probablement elles sont orphelines, car elles sont vêtues de deuil…

— Ah !… elles sont vêtues de deuil ?… dit M. Rodin avec un nouveau mouvement.

— Hélas ! si jeunes et orphelines ! reprit madame Dupont en essuyant ses larmes.

— Comme elles étaient évanouies… nous les transportions plus loin, dans un endroit où le sable était bien sec… Pendant que nous nous occupions de ce soin, nous voyons paraître la tête d’un homme au-dessus d’une roche ; il essayait de la gravir en s’y cramponnant d’une main ; on court à lui, et bien heureusement encore ! car ses forces étaient à bout : il est tombé épuisé entre les mains de nos hommes. C’est de lui que je te disais : C’est un héros ; car non content d’avoir sauvé les deux jeunes filles avec un courage admirable, il avait encore voulu tenter de sauver une troisième personne, et il était retourné au milieu des rochers battus par la mer ;… mais ses forces étaient à bout, et sans nos hommes il aurait été bien certainement enlevé des roches auxquelles il se cramponnait.

— Tu as raison, c’est un fier courage…

M. Rodin, la tête baissée sur sa poitrine, semblait étranger à la conversation ; sa conster-