Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/433

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— Ce qui m’a frappé, c’est qu’elles se ressemblaient tellement, dit le régisseur, qu’il faut certainement l’habitude de les voir pour les reconnaître…

— Deux jumelles sans doute ? dit madame Dupont.

— L’une de ces pauvres jeunes filles, reprit le régisseur, tenait entre ses deux mains jointes une petite médaille en bronze, qui était suspendue à son cou par une chaînette de même métal.

M. Rodin se tenait ordinairement très-voûté. À ces derniers mots du régisseur, il se redressa brusquement, une légère rougeur colora ses joues livides… Pour tout autre, ces symptômes eussent paru assez insignifiants ; mais chez M. Rodin, habitué depuis longues années à contraindre, à dissimuler toutes ses émotions, ils annonçaient une profonde stupeur ; s’approchant du régisseur, il lui dit d’une voix légèrement altérée, mais de l’air le plus indifférent du monde :

— C’était sans doute une pieuse relique… Vous n’avez pas vu ce qu’il y avait sur cette médaille ?

— Non, monsieur… je n’y ai pas songé.

— Et ces deux jeunes filles se ressemblaient… beaucoup… dites-vous ?