Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/438

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Oui, d’un martyr, car une sanglante auréole ceignait déjà cette tête charmante…

Chose douloureuse à voir… au-dessus de ses sourcils blonds et rendue par le froid d’un coloris plus vif, une étroite cicatrice qui datait de plusieurs mois semblait entourer son beau front d’un cordon de pourpre ; chose plus triste encore, ses mains avaient été cruellement transpercées par un crucifiement ; ses pieds avaient subi la même mutilation… et s’il marchait avec tant de peine, c’est que ses blessures venaient de se rouvrir sur les rochers aigus où il avait couru pendant le sauvetage.

Ce jeune homme était Gabriel, prêtre attaché aux missions étrangères et fils adoptif de la femme de Dagobert.

Gabriel était prêtre et martyr… car, de nos jours, il y a encore des martyrs… comme du temps où les Césars livraient les premiers chrétiens aux lions et aux tigres du cirque.

Car, de nos jours, des enfants du peuple, c’est presque toujours chez lui que se recrutent les dévouements héroïques et désintéressés, des enfants du peuple, poussés par une vocation respectable, comme ce qui est courageux et sincère, s’en vont dans toutes les parties du monde tenter de propager leur foi, et braver la torture, la mort, avec une vaillance ingénue.