Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/439

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Combien d’eux, victimes de barbares, ont péri, obscurs et ignorés, au milieu des solitudes des deux mondes !… et pour ces simples soldats de la croix qui n’ont que leur croyance et que leur intrépidité, jamais au retour… (et ils reviennent rarement), jamais de fructueuses et somptueuses dignités ecclésiastiques ; jamais la pourpre ou la mitre ne cachent leur front cicatrisé, leurs membres mutilés ; comme le plus grand nombre des soldats du drapeau, ils meurent oubliés…[1]

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Dans leur reconnaissance ingénue, les filles du général Simon, une fois revenues à elles après le naufrage, et se trouvant en état de gravir les rochers, n’avaient voulu laisser à personne le soin de soutenir la démarche chance-

  1. Nous nous rappellerons toujours avec émotion la fin d’une lettre écrite, il y a deux ou trois ans, par un de ces jeunes et valeureux missionnaires, fils de malheureux paysans de la Beauce ; il écrivait à sa mère, du fond du Japon, et terminait ainsi sa lettre :

    « Adieu, ma chère mère, on dit qu’il y a beaucoup de danger là où l’on m’envoie… Priez Dieu pour moi, et dites à tous mes bons voisins que je les aime, et que je pense bien souvent à eux. »

    Cette naïve recommandation s’adressant du milieu de l’Asie à de pauvres paysans d’un hameau de France, n’est-elle pas très-touchante dans sa simplicité ?