Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/445

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anéanti sur une chaise pendant que le missionnaire sortait avec le paysan.

L’homme au teint jaune était resté dans un coin de la chambre, inaperçu de Rodin.

Cet homme était Faringhea, le métis, un des trois chefs des étrangleurs, qui avait échappé aux poursuites des soldats dans les ruines de Tchandi ; après avoir tué Mahal le contrebandier, il lui avait volé les dépêches écrites par M. Josué Van Dael à Rodin, et la lettre grâce à laquelle le contrebandier devait être reçu comme passager à bord du Ruyter. Faringhea s’étant échappé de la cabane des ruines de Tchandi sans être vu de Djalma, celui-ci le retrouvant à bord après son évasion (que l’on expliquera plus tard), ignorant qu’il appartînt à la secte des phansegars, l’avait traité pendant la traversée comme un compatriote.

Rodin, l’œil fixe, hagard, le teint livide, de rage muette rongeant ses ongles jusqu’au vif, n’apercevait pas le métis qui, après s’être silencieusement approché de lui, lui mit familièrement la main sur l’épaule et lui dit :

— Vous vous appelez Rodin ?

— Qu’est-ce ? demanda celui-ci en tressaillant et en redressant brusquement la tête.

— Vous vous appelez Rodin ?… répéta Faringhea.