Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/467

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immenses murailles noires, boueuses, lézardées, dont l’excessive hauteur prive en tout temps cette voie d’air et de lumière ; à peine pendant les plus longs jours de l’année le soleil peut-il y jeter quelques rares rayons : aussi, lors des froids humides de l’hiver, un brouillard glacial, pénétrant, obscurcit constamment cette espèce de puits oblong au pavé fangeux.

Il était environ huit heures du soir ; à la pâle clarté du réverbère dont la lumière rougeâtre perçait à peine la brume, deux hommes, arrêtés dans l’angle de l’un de ces murs énormes, échangeaient quelques paroles.

— Ainsi, disait l’un, c’est bien entendu… vous resterez dans la rue jusqu’à ce que vous les ayez vus entrer au numéro 5.

— C’est entendu…

— Et quand vous les aurez vus entrer, pour mieux encore vous assurer de la chose, vous monterez chez Françoise Baudoin…

— Sous prétexte de demander si ce n’est pas là que demeure l’ouvrière bossue, la sœur de cette créature surnommée la reine Bacchanal

— Très-bien… Quant à celle-ci, tâchez de savoir exactement son adresse par la bossue, car c’est très-important ; les femmes de cette espèce dénichent comme des oiseaux, et on a perdu sa trace…