Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/473

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rien et avaient reçu l’éducation que le peuple peut donner à ses fils ; Agricol entrait en apprentissage chez M. François Hardy, et Gabriel se préparait à entrer au séminaire par la protection très-empressée de M. Rodin, dont les rapports étaient devenus, depuis 1820 environ, très-fréquents avec le confesseur de Françoise Baudoin, car elle avait été et était toujours d’une piété peu éclairée, mais excessive.

Cette femme était une de ces natures d’une simplicité, d’une bonté adorable, un de ces martyrs de dévouements ignorés qui touchent quelquefois à l’héroïsme… Âmes saintes, naïves, chez lesquelles l’instinct du cœur supplée à l’intelligence.

Le seul défaut, ou plutôt la seule conséquence de cette candeur aveugle, était une obstination invincible, lorsque Françoise croyait devoir obéir à l’influence de son confesseur, qu’elle était habituée à subir depuis de longues années ; cette influence lui paraissant des plus vénérables, des plus saintes, aucune puissance, aucune considération humaine, n’aurait pu l’empêcher de s’y soumettre : en cas de discussion à ce sujet, rien au monde ne faisait fléchir cette excellente femme ; sa résistance, sans colère, sans emportements, était douce comme son caractère, calme comme sa con-