Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/481

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Céphise écouta d’abord les sages conseils de Françoise, se contraignit, se résigna, apprit à coudre et travailla, comme sa sœur, pendant une année ; mais incapable de résister plus longtemps aux atroces privations que lui imposait l’effrayante modicité de son salaire, malgré son labeur assidu, privations qui allaient jusqu’à endurer le froid, et surtout la faim, Céphise, jeune, jolie, ardente, entourée de séductions et d’offres brillantes… brillantes pour elle, car elles se réduisaient à lui donner le moyen de manger à sa faim, de ne pas souffrir du froid, d’être proprement vêtue et de ne pas travailler quinze heures par jour dans un taudis obscur et malsain, Céphise écouta les vœux d’un clerc d’avoué qui l’abandonna plus tard ; alors elle se lia avec un commis marchand, qu’à son tour, instruite par l’exemple, elle quitta pour un commis voyageur… qu’elle délaissa pour d’autres favoris.

Bref, d’abandons en changements, au bout d’une ou deux années, Céphise, devenue l’idole d’un monde de grisettes, d’étudiants et de commis, acquit une telle réputation dans les bals des barrières par son caractère décidé, par son esprit vraiment original, par son ardeur infatigable pour tous les plaisirs, et surtout par