Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/485

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résignation cette horrible existence qui leur donne juste assez de vie pour ressentir toutes les douleurs de l’humanité.

Oui… vivre à ce prix… c’est de la vertu ; oui, une société ainsi organisée, qu’elle tolère ou qu’elle impose tant de misères, perd le droit de blâmer les infortunées qui se vendent non par débauche, mais presque toujours parce qu’elles ont froid, parce qu’elles ont faim.

Voici donc comment vivait cette jeune fille avec ses quatre francs par semaine :

Trois kilog. de pain, 2e qualité, 84 c.

Deux voies d’eau, 20 c.

Graisse ou sain-doux (le beurre est trop cher), 50 c.

Sel gris, 7 c.

Un boisseau de charbon, 40 c.

Un litre de légumes secs, 30 c.

Trois litres de pommes de terre, 20 c.

Chandelle, 33 c.

Fil et aiguilles, 25 c.

Total, 3 fr 9 centimes.

Enfin, pour économiser le charbon, la Mayeux préparait une espèce de soupe seulement deux ou trois fois au plus par semaine dans un poêlon sur le carré du quatrième étage. Les deux autres jours, elle la mangeait froide.

Il restait donc à la Mayeux pour se loger, se