Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/518

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tes ; mais sa figure exprimait un bonheur, un attendrissement extraordinaires. Il resta un moment devant la porte, comme si l’émotion l’eût empêché de s’approcher de sa mère…

La vue de Françoise était si affaiblie, qu’elle ne s’aperçut pas d’abord du changement de physionomie de son fils.

— Eh bien ! mon enfant, qu’est-ce que c’est ? lui demanda-t-elle.

Avant que le forgeron eût répondu, la Mayeux, plus clairvoyante, s’écria :

— Mon Dieu… Agricol… qu’y a-t-il ? comme tu es pâle !…

— Ma mère ! dit alors l’artisan d’une voix altérée, en allant précipitamment auprès de Françoise, sans répondre à la Mayeux, ma mère, il faut vous attendre à quelque chose qui va bien vous étonner… promettez-moi d’être raisonnable.

— Que veux-tu dire ?… Comme tu trembles !… regarde-moi donc ! mais la Mayeux a raison… tu es bien pâle !…

— Ma bonne mère… (et Agricol, se mettant à genoux devant Françoise, prit ses deux mains dans les siennes) il faut… vous ne savez pas… mais…

Le forgeron ne put achever ; des pleurs de joie entrecoupaient sa voix.