Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/522

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de la chambre, se sentant étrangère et nécessairement oubliée au milieu de cette réunion de famille.

Françoise se releva et fit un pas vers son mari qui la reçut dans ses bras.

Il y eut un moment de silence solennel.

Dagobert et Françoise ne se dirent pas un mot ; on entendit quelques soupirs entrecoupés de sanglots, d’aspirations de joie… Et lorsque les deux vieillards redressèrent la tête, leur physionomie était calme, radieuse, sereine… car la satisfaction complète des sentiments simples et purs ne laisse jamais après soi une agitation fébrile et violente.

— Mes enfants…, dit le soldat d’une voix émue, en montrant aux orphelines Françoise qui, sa première émotion passée, les regardait avec étonnement, c’est ma bonne et digne femme… elle sera pour les filles du général Simon ce que j’ai été moi-même.

— Alors, madame, vous nous traiterez comme vos enfants, dit Rose en s’approchant de Françoise avec sa sœur…

— Les filles du général Simon… s’écria la femme de Dagobert de plus en plus surprise.

— Oui, ma bonne Françoise, ce sont elles… et je les amène de loin… non sans peine… je te conterai tout cela plus tard.