Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/523

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pauvres petites… on dirait deux anges tout pareils, dit Françoise en contemplant les orphelines avec autant d’intérêt que d’admiration.

— Maintenant… à nous deux…, dit Dagobert en se retournant vers son fils.

— Enfin !… s’écria celui-ci.

Il faut renoncer à peindre la folle joie de Dagobert et de son fils, la tendre fureur de leurs embrassements, que le soldat interrompait pour regarder Agricol bien en face, en appuyant ses mains sur les larges épaules du jeune forgeron pour mieux admirer son mâle et franc visage, sa taille svelte et robuste ; après quoi il l’étreignait de nouveau contre sa poitrine en disant :

— Est-il beau garçon !… est-il bien bâti ! a-t-il l’air bon !…

La Mayeux, toujours retirée dans un coin de la chambre, jouissait du bonheur d’Agricol ; mais elle craignait que sa présence, jusqu’alors inaperçue, ne fût indiscrète. Elle eût bien désiré s’en aller sans être remarquée ; mais elle ne le pouvait pas. Dagobert et son fils cachaient presque entièrement la porte ; elle resta donc, ne pouvant détacher ses yeux des deux charmants visages de Rose et de Blanche. Elle n’avait jamais rien vu de plus joli au monde, et la ressemblance extraordinaire des jeunes filles entre