À ces paroles sensées, chaleureuses, de cette excellente créature qui puisait sa raison dans son cœur, Agricol fit un mouvement ; il commençait à envisager plus sérieusement l’avis qu’on lui donnait.
Le voyant ébranlé, la Mayeux continua :
— Et puis enfin, souviens-toi de Remi… ton camarade d’atelier.
— Remi ?
— Oui, une lettre de lui… lettre pourtant bien insignifiante, a été trouvée chez une personne arrêtée l’an passé pour conspiration ;… il est resté un mois en prison.
— C’est vrai, ma bonne Mayeux, mais on a bientôt reconnu l’injustice de cette accusation et il a été remis en liberté.
— Après avoir passé un mois en prison… et c’est ce qu’on te conseille avec raison d’éviter… Agricol, songes-y, mon Dieu !… un mois en prison… et ta mère…
Ces paroles de la Mayeux firent une profonde impression sur Agricol ; il prit la lettre, et la relut attentivement.
— Et cet homme qui a rôdé toute la soirée autour de la maison ? reprit la jeune fille. J’en reviens toujours là… Ceci n’est pas naturel… Hélas ! mon Dieu ! quel coup pour ton père, pour ta pauvre mère qui ne gagne plus rien !…