Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/547

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ton travail, afin que ta famille ne soit pas sans ressources… Crois-moi, Agricol, une telle demande n’a rien que de noble et de digne de ta part… le cœur de cette demoiselle est généreux… elle te comprendra ; cette caution, pour elle, ne sera rien… pour toi ce sera tout. Ce sera la vie des tiens.

— Tu as raison, ma bonne Mayeux, dit Agricol avec accablement et tristesse ; peut-être vaut-il mieux risquer cette démarche… Si cette demoiselle consent à me rendre service, et qu’une caution puisse en effet me préserver de la prison… je serai préparé à tout événement… Mais non, non, ajouta le forgeron en se levant, jamais je n’oserai m’adresser à cette demoiselle. De quel droit le ferais-je ?… Qu’est-ce que le petit service que je lui ai rendu… auprès de celui que je lui demande ?

— Crois-tu donc, Agricol, qu’une âme généreuse mesure les services qu’elle peut rendre à ceux qu’elle a reçus ?… Aie confiance en moi pour ce qui est du cœur… je ne suis qu’une pauvre créature qui ne doit se comparer à personne ; je ne suis rien, je ne puis rien. Eh bien ! pourtant, je suis sûre… oui, Agricol… je suis sûre… que cette demoiselle, si au-dessus de moi… éprouvera ce que je ressens dans cette circonstance ;… oui, comme moi, elle com-