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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/586

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et elle s’entoure de jeunes évaporées qui, dès le matin, sont parées comme des châsses…

— Ah, madame ! comment pouvez-vous médire de la parure, vous qui avez été autrefois la plus coquette, la plus sémillante des femmes de la princesse ?… Cela s’est répété dans l’hôtel de génération en génération jusqu’à nos jours.

— Comment ! de génération… en génération ? ne dirait-on pas que je suis centenaire !… Voyez l’impertinente.

— Je parle des générations de femmes de chambre… car excepté vous, c’est tout au plus si elles peuvent rester deux ou trois ans chez la princesse. Elle a trop de qualités… pour ces pauvres filles…

— Je vous défends, mademoiselle, de parler ainsi de ma maîtresse… dont on ne devrait prononcer le nom qu’à genoux…

— Pourtant… si l’on voulait médire…

— Vous osez…

— Pas plus tard qu’hier soir… à onze heures et demie…

— Hier soir ?…

— Un fiacre s’est arrêté à quelques pas du grand hôtel ;… un personnage mystérieux, enveloppé d’un manteau, en est descendu, a frappé discrètement non pas à la porte, mais aux vitres de la fenêtre du concierge… et à