Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/594

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charmante, qui semblait plutôt se placer au XVIe siècle, dans quelque palais de Florence ou de Bologne, qu’à Paris, au fond du faubourg Saint-Germain, dans le mois de février 1832.

La chambre de toilette d’Adrienne était une sorte de petit temple qu’on aurait dit élevé au culte de la beauté… par reconnaissance envers Dieu qui prodigue tant de charmes à la femme, non pour qu’elle les néglige, non pour qu’elle les couvre de cendres, non pour qu’elle les meurtrisse par le contact d’un sordide et rude cilice, mais pour que dans sa fervente gratitude elle les entoure de tout le prestige de la grâce, de toute la splendeur de la parure, afin de glorifier l’œuvre divine aux yeux de tous.

Le jour arrivait dans cette pièce demi-circulaire par une de ces doubles fenêtres formant serre chaude, si heureusement importées d’Allemagne. Les murailles du pavillon, construites en pierres de taille fort épaisses, rendaient très-profonde la baie de la croisée qui se fermait dehors par un châssis fait d’une seule vitre, et au dedans par une grande glace dépolie ; dans l’intervalle de trois pieds environ laissé entre ces deux clôtures transparentes, on avait placé une caisse remplie de terre de