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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/597

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était assise devant sa toilette ; ses trois femmes l’entouraient.

Par un caprice, ou plutôt par une conséquence logique de son esprit amoureux de la beauté, de l’harmonie de toutes choses, Adrienne avait voulu que les jeunes filles qui la servaient fussent fort jolies et habillées avec une coquetterie, avec une originalité charmante.

On a déjà vu Georgette, blonde piquante, dans son costume agaçant de soubrette de Marivaux ; ses deux compagnes ne lui cédaient en rien pour la gentillesse et pour la grâce.

L’une, nommée Florine, grande et svelte fille, à la tournure de Diane chasseresse, était pâle et brune ; ses épais cheveux noirs se tordaient en tresses derrière sa tête et s’y attachaient par une longue épingle d’or. Elle avait, comme les autres jeunes filles, les bras nus pour la facilité de son service, et portait une robe de ce vert gai si familier aux peintres vénitiens ; sa jupe était très-ample, et son corsage étroit s’échancrait carrément sur les plis d’une gorgerette de batiste blanche plissée à petits plis, et fermée par cinq boutons d’or.

La troisième des femmes d’Adrienne avait une figure si fraîche, si ingénue, une taille si mignonne, si accomplie, que sa maîtresse la nommait Hébé ; sa robe d’un rose pâle et faite à la