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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/603

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Adrienne : la dignité dans la pauvreté… c’est le parfum dans la fleur des prés.

« Pour vous expliquer, mademoiselle, la chose indigne que l’on exigerait de nous, je dois vous dire d’abord qu’il y a deux jours, M. Rodin est venu de Paris… »

— Ah ! M. Rodin, dit mademoiselle de Cardoville en s’interrompant de nouveau, le secrétaire de l’abbé d’Aigrigny ?… je ne m’étonne plus s’il s’agit d’une perfidie ou de quelque ténébreuse intrigue. Voyons.

« M. Rodin est venu de Paris pour nous annoncer que la terre était vendue, et qu’il était certain de nous conserver notre place, si nous l’aidions à donner pour confesseur à la nouvelle propriétaire un prêtre décrié, et si, pour mieux arriver à ce but, nous consentions à calomnier un autre desservant, excellent homme, très-respecté, très-aimé dans le pays ; ce n’est pas tout, je devais secrètement écrire à M. Rodin deux fois par semaine tout ce qui se passerait dans le château. Je dois vous avouer, mademoiselle, que ces honteuses propositions ont été autant que possible déguisées, dissimulées sous des prétextes assez spécieux ; mais malgré la forme plus ou moins adroite, le fond de la chose est toujours tel que j’ai eu l’honneur de vous le dire, mademoiselle… »