Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/604

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— Corruption… calomnie et délation ! se dit Adrienne avec dégoût, je ne puis songer à ces gens-là sans qu’involontairement s’éveillent en moi des idées de ténèbres, de venin et de vilains reptiles noirs… ce qui est en vérité d’un très-hideux aspect. Aussi j’aime mieux songer aux calmes et douces figures de ce pauvre Dupont et de sa femme.

Adrienne continua :

« Vous pensez bien, mademoiselle, que nous n’avons pas hésité ; nous quitterons Cardoville, où nous sommes depuis vingt ans ; mais nous le quitterons en honnêtes gens… Maintenant, mademoiselle, si parmi vos brillantes connaissances vous pouviez, vous qui êtes si bonne, nous trouver une place, en nous recommandant, peut-être, grâce à vous, mademoiselle, sortirions-nous d’un bien cruel embarras… »

— Certainement, ce ne sera pas en vain qu’ils se seront adressés à moi… Arracher de braves gens aux griffes de M. Rodin, c’est un devoir et un plaisir ; car c’est à la fois chose juste et dangereuse… et j’aime tant braver ce qui est puissant et qui opprime !

Adrienne reprit :

« Après vous avoir parlé de nous, mademoiselle, permettez-nous d’implorer votre protection pour d’autres, car il serait mal de ne son-