Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/61

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ainsi cette viande, afin de se servir de ses mains pour grimper à l’échelle, qui vacillait sous son poids.

Enfin ce gros et grand corps sortit tout entier de la trappe : à son cou de taureau, à l’étonnante largeur de sa poitrine et de ses épaules, à la grosseur de ses bras et de ses jambes, on devinait que ce géant pouvait sans crainte lutter corps à corps avec un ours.

Il portait un vieux pantalon à bandes rouges, garni de basane, et une sorte de casaque ou plutôt de cuirasse de cuir très-épais, çà et là éraillé par les ongles tranchants des animaux.

Lorsqu’il fut debout, Goliath desserra ses crocs, ouvrit la bouche, laissa tomber à terre le quartier de bœuf, en léchant ses moustaches sanglantes avec gourmandise.

Cette espèce de monstre avait, comme tant d’autres saltimbanques, commencé par manger de la viande crue dans les foires, moyennant rétribution du public. Puis ayant pris l’habitude de cette nourriture de sauvage et alliant son goût à son intérêt, il préludait aux exercices de Morok en dévorant devant la foule quelques livres de chair crue.

— La part de la Mort et la mienne sont en bas, voilà celle de Caïn et de Judas, dit Goliath