Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/612

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gement sauvages aux yeux de mon protégé…

« Dès que vous l’aurez décidé à partir, vous vous remettrez rapidement en route, et vous m’amènerez ici, dans mon pavillon, rue de Babylone (quelle prédestination ! de demeurer rue de Babylone… voilà du moins un nom qui a bon air pour un Oriental), vous m’amènerez, dis-je, ici ce cher prince qui a le bonheur d’être né dans le pays des fleurs, des diamants et du soleil.

« Vous aurez la complaisance, mon bon et vieil ami, de ne pas vous étonner de ce nouveau caprice, et de ne vous livrer surtout à aucune conjecture extravagante… Sérieusement, le choix que je fais de vous dans cette circonstance… de vous que j’aime, que j’honore sincèrement, vous dit assez qu’au fond de tout ceci il y a autre chose qu’une apparente folie… »

En dictant ces derniers mots, le ton d’Adrienne fut aussi sérieux, aussi digne, qu’il avait été jusqu’alors plaisant et enjoué.

Mais bientôt elle reprit plus gaiement :

« Adieu, mon vieil ami ; je suis un peu comme ce capitaine des temps anciens, dont vous m’avez fait tant de fois dessiner le nez héroïque et le menton conquérant, je plaisante avec une extrême liberté d’esprit au moment de la ba-