Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/611

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vous y ajouterez pour ceintures et pour turbans six magnifiques châles de cachemire longs, dont deux blancs, deux rouges et deux orange ; rien ne sied mieux aux teints bruns que ces couleurs-là.

« Ceci fait (et je vous donne tout au plus deux ou trois jours) vous partirez en poste dans ma berline pour le château de Cardoville que vous connaissez bien ; le régisseur, l’excellent Dupont, un de vos anciens amis, vous conduira auprès d’un jeune prince indien nommé Djalma ; vous direz à ce haut et puissant seigneur d’un autre monde que vous venez de la part d’un ami inconnu, qui, agissant comme un frère, lui envoie ce qui lui est nécessaire pour échapper aux affreuses modes d’Europe… Vous ajouterez que cet ami l’attend avec tant d’impatience, qu’il le conjure de venir tout de suite à Paris ; si mon protégé objecte qu’il est souffrant, vous lui direz que ma voiture est une excellente dormeuse ; vous y ferez établir le lit qu’elle renferme, et il s’y trouvera très-commodément. Il est bien entendu que vous excuserez très-humblement l’ami inconnu de ce qu’il n’envoie au prince ni riches palanquins, ni même, modestement, un éléphant, car, hélas ! il n’y a de palanquins qu’à l’Opéra et d’éléphants qu’à la ménagerie : ce qui nous fera paraître étran-