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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/617

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de son cou ; son large pantalon gris laissait voir des bottes très-proprement cirées, et il tenait entre ses mains musculeuses une belle casquette de drap toute neuve ; somme toute, cette blouse bleue, brodée de rouge, qui, dégageant l’encolure brune et nerveuse du jeune forgeron, dessinant ses robustes épaules, retombait en plis gracieux, ne gênant en rien sa libre et franche allure, lui seyait beaucoup mieux que ne l’aurait fait un habit ou une redingote.

En attendant mademoiselle de Cardoville, Agricol examinait machinalement un magnifique vase d’argent admirablement ciselé ; une petite plaque de même métal, attachée sur son socle de brèche antique, portait ces mots : Ciselé par Jean-Marie, ouvrier ciseleur, 1831.

Adrienne avait marché si légèrement sur le tapis de son salon, seulement séparé d’une autre pièce par des portières, qu’Agricol ne s’aperçut pas de la venue de la jeune fille ; il tressaillit et se retourna vivement lorsqu’il entendit une voix argentine et perlée lui dire :

— Voici un beau vase, n’est-ce pas, monsieur ?

— Très beau, mademoiselle, répondit Agricol assez embarrassé.