Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/619

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prenant place elle-même sur une causeuse de même étoffe.

Voyant l’hésitation d’Agricol qui baissait de nouveau les yeux avec embarras, Adrienne lui dit gaiement, pour l’encourager, en lui montrant Lutine :

— Cette pauvre petite bête, à laquelle je suis très-attachée, me sera toujours un souvenir vivant de votre obligeance, monsieur ; aussi votre visite me semble d’un heureux augure ; je ne sais quel bon pressentiment me dit que je pourrai peut-être vous être utile à quelque chose.

— Mademoiselle…, dit résolument Agricol, je me nomme Baudoin, je suis forgeron chez M. Hardy, au Plessis, près Paris ; hier, vous m’avez offert votre bourse… j’ai refusé… aujourd’hui je viens vous demander peut-être dix fois, vingt fois la somme que vous m’avez généreusement proposée ;… je vous dis cela tout de suite, mademoiselle… parce que c’est ce qui me coûte le plus :… ces mots-là me brûlaient les lèvres, maintenant je serai plus à mon aise…

— J’apprécie la délicatesse de vos scrupules, monsieur, dit Adrienne ; mais si vous me connaissiez, vous vous seriez adressé à moi sans crainte ;… combien vous faut-il ?

— Je ne sais pas, mademoiselle.