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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/65

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trois heures !… s’écria Goliath avec une stupeur croissante.

— Obéis… et tais-toi !

— Mais vous voulez donc qu’il arrive un malheur ce soir ?… La faim va rendre les bêtes furieuses ! et moi aussi…

— Tant mieux !

— Enragées !…

— Tant mieux !

— Comment, tant mieux ?… Mais…

— Assez.

— Mais, par la peau du diable, j’ai aussi faim qu’elles, moi…

— Mange… qui t’empêche ? ton souper est prêt, puisque tu le manges cru.

— Je ne mange jamais sans mes bêtes… ni elles sans moi…

— Je te répète que si tu as le malheur de donner à manger aux bêtes… je te chasse…

Goliath fit entendre un grognement sourd, aussi rauque que celui d’un ours, en regardant le Prophète d’un air à la fois stupéfait et courroucé.

Morok, ces ordres donnés, marchait en long et en large dans le grenier, paraissant réfléchir. Puis, s’adressant à Goliath, toujours plongé dans un ébahissement profond :

— Tu te rappelles où est la maison du bourg-