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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/69

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IV


Morok et Dagobert


Goliath ne s’était pas trompé… Dagobert savonnait, avec le sérieux imperturbable qu’il mettait à toutes choses.

Si l’on songe aux habitudes du soldat en campagne, on ne s’étonnerait pas de cette apparente excentricité ; d’ailleurs Dagobert ne pensait qu’à économiser la petite bourse des orphelines et à leur épargner tout soin, toute peine ; aussi le soir, après chaque étape, se livrait-il à une foule d’occupations féminines. Du reste, il n’en était pas à son apprentissage : bien des fois, durant ses campagnes, il avait très-industrieusement réparé le dommage et le désordre qu’une journée de bataille apporte toujours dans les vêtements d’un soldat, car ce n’est pas tout que de recevoir des coups de sabre, il faut encore raccommoder son uniforme, puisque, en entamant la peau, la lame fait aussi à l’habit une entaille incongrue.

Aussi, le soir ou le lendemain d’un rude combat, voit-on les meilleurs soldats (toujours dis-