Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/70

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tingués par leur belle tenue militaire) tirer de leur sac ou de leur porte-manteau une petite trousse garnie d’aiguilles, de fil, de ciseaux, de boutons et autres merceries, afin de se livrer à toutes sortes de raccommodages et de reprises perdues, dont la plus soigneuse ménagère serait jalouse.

On ne saurait trouver une transition meilleure, pour expliquer le surnom de Dagobert donné à François Baudoin (conducteur des deux orphelines), lorsqu’il était cité comme l’un des plus beaux et des plus braves grenadiers de la garde impériale.

On s’était rudement battu tout le jour, sans avantage décisif… Le soir, la compagnie dont notre homme faisait partie avait été envoyée en grand’garde pour occuper les ruines d’un village abandonné ; les vedettes posées, une moitié des cavaliers resta à cheval, et l’autre put prendre quelque repos en mettant ses chevaux au piquet. Notre homme avait vaillamment chargé sans être blessé cette fois, car il ne comptait que pour mémoire une profonde égratignure qu’un kaiserlitz lui avait faite à la cuisse, d’un coup de baïonnette maladroitement porté de bas en haut.

— Brigand ! ma culotte neuve !… s’était écrié le grenadier, en voyant bâiller sur sa cuisse