Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/88

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L’écurie était spacieuse, sombre et à peine éclairée par la lanterne suspendue au plafond que tapissaient d’innombrables toiles d’araignées ; à l’autre extrémité, et séparés de Jovial de quelques places marquées par des barres, on voyait les trois vigoureux chevaux noirs du dompteur de bêtes… aussi tranquilles que Jovial était tremblant et effarouché.

Dagobert, frappé de ce singulier contraste, dont il devait bientôt avoir l’explication, caressa de nouveau son cheval, qui, peu à peu rassuré par la présence de son maître, lui lécha les mains, frotta sa tête contre lui, hennit doucement et lui donna enfin comme d’habitude mille témoignages d’affection.

— À la bonne heure… Voilà comme j’aime à te voir, mon vieux Jovial, dit Dagobert en ramassant la vannette et en versant son contenu dans la mangeoire. Allons, mange… bon appétit, nous avons une longue étape à faire demain. Et surtout n’aie plus de ces folles peurs à propos de rien… Si ton camarade Rabat-Joie était ici… cela te rassurerait… mais il est avec les enfants ; c’est leur gardien en mon absence… Voyons, mange donc… au lieu de me regarder.

Mais le cheval, après avoir remué son avoine du bout des lèvres comme pour obéir à son maître, n’y toucha plus et se mit à mordiller