Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/89

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la manche de la houppelande de Dagobert.

— Ah ! mon pauvre Jovial… Tu as quelque chose ; toi qui manges ordinairement de si bon cœur… tu laisses ton avoine… C’est la première fois que cela lui arrive depuis notre départ, dit le soldat, sérieusement inquiet, car l’issue de son voyage dépendait en grande partie de la vigueur et de la santé de son cheval.

Un rugissement effroyable et tellement proche qu’il semblait sortir de l’écurie même, surprit si violemment Jovial, que, d’un coup il brisa sa longe, franchit la barre qui marquait sa place, courut à la porte ouverte et s’échappa dans la cour.

Dagobert ne put s’empêcher de tressaillir à ce grondement soudain, puissant, sauvage, qui lui expliqua la terreur de son cheval.

L’écurie voisine, occupée par la ménagerie ambulante du dompteur de bêtes, n’était séparée que par la cloison où s’appuyaient les mangeoires ; les trois chevaux du Prophète, habitués à ces hurlements, étaient restés parfaitement tranquilles.

— Bon, bon, dit le soldat rassuré, je comprends maintenant ;… sans doute, Jovial avait déjà entendu un rugissement pareil ; il sentait là les animaux de cet insolent coquin ; il n’en fallait pas plus pour l’effrayer, ajouta le soldat