Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/96

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— Il ne nous a encore rien dit de Paris…

— Il n’y aura pas songé… Il faudra lui en parler cette nuit.

— S’il est en train de causer… car souvent, tu sais, il a l’air d’aimer à nous contempler en silence, ses yeux sur nos yeux…

— Oui, et dans ces moments-là son regard me rappelle quelquefois le regard de notre mère chérie.

— Et elle… combien elle doit être heureuse de ce qui nous arrive… puisqu’elle nous voit !

— Car si l’on nous aime autant, c’est que sans doute nous le méritons…

— Voyez-vous, la vaniteuse !… dit Blanche, en se plaisant à lisser, du bout de ses doigts déliés, les cheveux de sa sœur séparés sur son front.

Après un moment de réflexion, Rose lui dit :

— Ne trouves-tu pas que nous devrions tout raconter à Dagobert ?

— Si tu le crois… faisons-le…

— Nous lui dirons tout, comme nous disions tout à notre mère ; pourquoi lui cacher quelque chose ?…

— Et surtout quelque chose qui pour nous est un si grand bonheur.

— Ne trouves-tu pas que, depuis que nous connaissons notre ami, notre cœur bat plus vite et plus fort ?