Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/112

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cœur, n’est-ce pas, mademoiselle ?… dit la princesse d’un air triomphant ; il faut, en effet, que votre tendre pitié pour cet intéressant forgeron soit bien grande, car vous perdez votre assurance ironique.

— Oui, madame, car j’ai mieux à faire que de railler ce qui est odieux et ridicule, dit Adrienne, dont les yeux se voilaient de larmes en songeant aux inquiétudes cruelles de la famille d’Agricol prisonnier.

Et, prenant son chapeau, elle le mit sur sa tête, en noua les rubans, et s’adressant au docteur :

— M. Baleinier, je vous ai tout à l’heure demandé votre protection auprès du ministre…

— Oui, mademoiselle… et je me ferai un plaisir d’être votre intermédiaire auprès de lui.

— Votre voiture est en bas ?

— Oui, mademoiselle…, dit le docteur, singulièrement surpris.

— Vous allez être assez bon pour me conduire à l’instant chez le ministre… Présentée par vous, il ne me refusera pas la grâce ou plutôt la justice que j’ai à solliciter de lui.

— Comment, mademoiselle…, dit la princesse, vous osez prendre une telle détermination sans mes ordres, après ce qui vient de se passer ?… mais c’est inouï !