Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/115

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faire, car vous serez de moitié dans une noble action…

Le Tripeaud, qui n’était pas dans le secret des nouveaux desseins du docteur et de l’abbé, dit tout bas à celui-ci d’un air stupéfait :

— Comment ! on la laisse partir ?

— Oui, oui, répondit brusquement M. d’Aigrigny en lui faisant signe d’écouter la princesse qui allait parler.

En effet, celle-ci s’avança vers sa nièce, et lui dit d’une voix lente et mesurée, appuyant sur chacune de ses paroles :

— Un mot encore, mademoiselle… un dernier mot devant ces messieurs. Répondez : malgré les charges terribles qui pèsent sur vous, êtes-vous toujours décidée à méconnaître mes volontés formelles ?

— Oui, madame.

— Malgré le scandaleux éclat qui vient d’avoir lieu, vous prétendez toujours vous soustraire à mon autorité ?

— Oui, madame.

— Ainsi, vous refusez positivement de vous soumettre à la vie décente et sévère que je veux vous imposer ?

— Je vous ai dit tantôt, madame, que je quitterais cette demeure pour vivre seule et à ma guise.