Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/118

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ment éclairée par la lueur des lanternes, se dessinait blanche et pure sur le fond sombre de l’étoffe dont était garni l’intérieur de la voiture, alors embaumée de ce parfum doux et suave, on dirait presque voluptueux, qui émane toujours des vêtements des femmes d’une exquise recherche ; la pose de la jeune fille, assise auprès du docteur, était remplie de grâce ; sa taille élégante et svelte, emprisonnée dans sa robe montante de drap bleu, imprimait sa souple ondulation au moelleux dossier où elle s’appuyait ; ses petits pieds, croisés l’un sur l’autre et un peu allongés, reposaient sur une épaisse peau d’ours servant de tapis ; de sa main gauche éblouissante et nue elle tenait son mouchoir magnifiquement brodé, dont, au grand étonnement de M. Baleinier, elle essuya ses yeux humides de larmes.

Oui, car cette jeune fille subissait alors la réaction des scènes pénibles auxquelles elle venait d’assister à l’hôtel de Saint-Dizier ; à l’exaltation fébrile, nerveuse, qui l’avait jusqu’alors soutenue, succédait chez elle un abattement douloureux, car Adrienne, si résolue dans son indépendance, si fière dans son dédain, si implacable dans son ironie, si audacieuse dans sa révolte contre une injuste opposition, était d’une sensibilité profonde qu’elle dissimu-