Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quitter pour toujours la scène galante du monde : tous deux, plus passionnés que jamais, s’étaient réunis dans leur amour, après cet orage passager, bornant leur vengeance à quelques piquantes plaisanteries sur la conversion de la femme qui leur avait fait tant de mal…

Quelque temps après, une terrible fatalité s’appesantissait sur les deux amants.

Un mari, jusqu’alors aveugle, était brusquement éclairé par des révélations anonymes ; un épouvantable éclat s’ensuivit ; la jeune femme fut perdue.

Quant à l’amant, des bruits vagues, peu précisés, mais remplis de réticences perfidement calculées et mille fois plus odieuses qu’une accusation formelle, que l’on peut au moins combattre et détruire, étaient répandus sur lui avec tant de persistance, avec une si diabolique habileté, et par des voies si diverses, que ses meilleurs amis se retirèrent peu à peu de lui, subissant à leur insu l’influence lente et irrésistible de ce bourdonnement incessant et confus, qui pourtant peut se résumer par ceci :

— Eh bien ! vous savez ! *** ?

— Non !

— On dit de bien vilaines choses sur lui !

— Ah ! vraiment ? Et quoi donc ?