Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/15

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— Je ne sais, de mauvais bruits… des rumeurs fâcheuses pour son honneur.

— Diable… c’est grave… Cela m’explique alors pourquoi il est maintenant reçu plus que froidement.

— Quant à moi, désormais je l’éviterai.

— Et moi aussi, etc., etc.

Le monde est ainsi fait, qu’il n’en faut souvent pas plus pour flétrir un homme auquel d’assez grands succès ont mérité beaucoup d’envieux. C’est ce qui arriva à l’homme dont nous parlons. Le malheureux, voyant le vide se former autour de lui, sentant, pour ainsi dire, la terre manquer sous ses pieds, ne savait où chercher, où prendre l’insaisissable ennemie dont il sentait les coups ; car jamais il ne lui était venu à la pensée de soupçonner la princesse, qu’il n’avait pas revue depuis son aventure avec elle. Voulant à toute force savoir la cause de cet abandon et de ces mépris, il s’adressa à un de ses anciens amis ; celui-ci lui répondit d’une manière dédaigneusement évasive ; l’autre s’emporta, demanda satisfaction… son adversaire lui dit :

— Trouvez deux témoins de votre connaissance et de la mienne… et je me bats avec vous.

Le malheureux n’en trouva pas un…