Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/147

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l’air d’entendre ce que disait Adrienne, voilà l’heure… il faut venir vous coucher.

— Me coucher ! s’écria mademoiselle de Cardoville avec épouvante. Mais, mon Dieu ! c’est à en devenir folle…

Puis, s’adressant aux deux femmes :

— Quelle est cette maison ? où suis-je ? répondez.

— Vous êtes dans une maison, dit la Thomas d’une voix rude, où il ne faut pas crier par la fenêtre, comme tout à l’heure.

— Et où il ne faut pas non plus éteindre les lampes, comme vous venez de le faire… sans ça, reprit l’autre femme appelée Gervaise, nous nous fâcherons…

Adrienne, ne trouvant pas une parole, frissonnant d’épouvante, regardait tout à tour ces horribles femmes avec stupeur ; sa raison s’épuisait en vain à comprendre ce qui se passait. Tout à coup elle crut avoir deviné et s’écria :

— Je le vois, il y a ici méprise… je ne me l’explique pas… Mais enfin, il y a une méprise… vous me prenez pour une autre… Savez-vous qui je suis ?… Je me nomme Adrienne de Cardoville… entendez-vous ?… Adrienne de Cardoville !… Ainsi, vous le voyez… je suis libre de sortir d’ici ; personne au monde n’a le droit de me retenir de force… Ainsi, je vous