Adrienne, qu’interdite, oppressée, elle ne put, malgré elle, rompre le silence.
— Allons !… allons ! je vois ce que c’est, dit le docteur en secouant tristement la tête ; vous m’en voulez beaucoup… n’est-ce pas ? Eh mon Dieu !… je m’y attendais, ma chère enfant…
Ces mots, prononcés avec une hypocrite effronterie, firent bondir Adrienne ; elle se leva ; ses joues pâles s’enflammèrent, son grand œil noir étincela, elle redressa fièrement son beau visage, sa lèvre supérieure se releva légèrement par un sourire d’une dédaigneuse amertume ; puis, silencieuse et courroucée, la jeune fille passa devant M. Baleinier, toujours assis, et se dirigea vers la porte d’un pas rapide et assuré.
Cette porte, à laquelle on remarquait un petit guichet, était fermée extérieurement.
Adrienne se retourna vers le docteur, lui montra la porte d’un geste impérieux et lui dit :
— Ouvrez-moi cette porte !
— Voyons, ma chère demoiselle Adrienne, dit le médecin, calmez-vous… causons en bons amis… car, vous le savez… je suis votre ami…
Et il aspira lentement une prise de tabac.