Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/160

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drienne ne put d’abord retenir un mouvement de surprise…

Puis un rire amer effleurant ses lèvres :

— Ah !… décidément… tout ceci est pour mon bien ?…

— Franchement, ma chère demoiselle… ai-je jamais eu d’autre but que celui de vous être utile ?

— Je ne sais, monsieur, si votre impudence n’est pas encore plus odieuse que votre lâche trahison !…

— Une trahison ! dit M. Baleinier en haussant les épaules d’un air peiné, une trahison !… mais réfléchissez donc, ma pauvre enfant… croyez-vous que si je n’agissais pas loyalement, consciencieusement dans votre intérêt, je reviendrais ce matin affronter votre indignation, à laquelle je devais m’attendre ?… Je suis le médecin en chef de cette maison de santé qui m’appartient ;… mais… j’ai ici deux de mes élèves, médecins comme moi, qui me suppléent… je pouvais donc les charger de vous donner leurs soins… mais, non… je n’ai pas voulu cela… je connais votre caractère, votre nature, vos antécédents… et même, abstraction faite de l’intérêt que je vous porte… mieux que personne, je puis vous traiter convenablement.