Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/161

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Adrienne avait écouté M. Baleinier sans l’interrompre ; elle le regarda fixement, et lui dit :

— Monsieur… combien vous paye-t-on… pour me faire passer pour folle ?…

— Mademoiselle !… s’écria M. Baleinier, blessé malgré lui.

— Je suis riche… vous le savez, reprit Adrienne avec un dédain écrasant, je double la somme… qu’on vous donne… Allons, monsieur, au nom de… l’amitié, comme vous dites… accordez-moi du moins la faveur d’enchérir.

— Vos gardiennes, dans leur rapport de cette nuit, m’ont appris que vous leur aviez fait la même proposition, dit M. Baleinier en reprenant tout son sang-froid.

— Pardon… monsieur… je leur avais offert ce que l’on peut offrir à de pauvres femmes sans éducation, que le malheur force d’accepter le pénible emploi qu’elles occupent… Mais vous, monsieur, un homme du monde, un homme de grand savoir… un homme de beaucoup d’esprit… c’est différent ; cela se paye plus cher ; il y a de la trahison à tout prix… Ainsi, ne basez pas votre refus… sur la modicité de mes offres à ces malheureuses… Voyons, combien vous faut-il ?