Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/184

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ni cacher sa frayeur, elle les avait serrées dans ses bras, en leur promettant de s’occuper au plus tôt de leur salut, et en se désolant de ce que Dagobert n’eût pas songé à les faire baptiser en route. Or, il faut l’avouer, cette idée n’était nullement venue à l’ex-grenadier à cheval.

Quittant la veille Rose et Blanche pour se rendre aux offices du dimanche, Françoise n’avait pas osé les emmener avec elle, leur complète ignorance des choses saintes rendant leur présence à l’église, sinon scandaleuse, du moins inutile ; mais Françoise, dans ses ferventes prières, implora ardemment la miséricorde céleste pour les orphelines qui ne savaient pas leur âme dans une position si désespérée.

Rose et Blanche restaient donc seules dans la chambre en l’absence de la femme de Dagobert ; elles étaient toujours vêtues de deuil ; leurs charmantes figures semblaient encore plus pensives que tristes ; quoiqu’elles fussent accoutumées à une vie bien malheureuse, dès leur arrivée dans la rue Brise-Miche elles s’étaient senties frappées du pénible contraste qui existait entre la pauvre demeure qu’elles venaient habiter, et les merveilles que leur imagination s’était figurées en songeant à Paris, cette ville d’or de leurs rêves.

Bientôt cet étonnement si concevable fit place