Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à des pensées d’une gravité singulière pour leur âge ; la contemplation de cette pauvreté digne et laborieuse fit profondément réfléchir les orphelines, non plus en enfants, mais en jeunes filles ; admirablement servies par leur esprit juste et sympathique au bien, par leur noble cœur, par leur caractère à la fois délicat et courageux, elles avaient depuis vingt-quatre heures beaucoup observé, beaucoup médité.

— Ma sœur, dit Rose à Blanche, lorsque Françoise eut quitté la chambre, la pauvre femme de Dagobert est bien inquiète. As-tu remarqué, cette nuit… son agitation ? Comme elle pleurait ! comme elle priait !

— J’étais émue comme toi de son chagrin, ma sœur, et je me demandais ce qui pouvait le causer…

— Je crains de le deviner. Oui, peut-être est-ce nous qui sommes la cause de ses inquiétudes.

— Pourquoi, ma sœur ? parce que nous ne savons pas de prières, et que nous ignorons si nous avons été baptisées ?

— Cela a paru lui faire une grande peine, il est vrai ; j’en ai été bien touchée, parce que cela prouve qu’elle nous aime tendrement… Mais je n’ai pas compris comment nous courions des dangers terribles, ainsi qu’elle disait…