Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/19

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rectement, ils se voyaient frappés d’une manière cruelle, presque toujours irréparable, ceux-ci dans leurs relations les plus chères, ceux-là dans leur crédit, d’autres dans leur honneur, d’autres enfin dans les fonctions officielles dont ils vivaient ; et cela par l’action sourde, latente, continue, d’un dissolvant terrible et mystérieux, qui minait invisiblement les réputations, les fortunes, les positions les plus solidement établies, jusqu’au moment où elles s’abîmaient à jamais au milieu de la surprise et de l’épouvante générale.

On concevra maintenant que sous la restauration la princesse de Saint-Dizier fût devenue singulièrement influente et redoutable. Lors de la révolution de juillet, elle s’était ralliée, et, chose bizarre, tout en conservant des relations de famille et de société avec quelques personnes très-fidèles au culte de la monarchie déchue, on lui attribuait encore beaucoup d’action et de pouvoir.

Disons enfin que le prince de Saint-Dizier étant décédé sans enfants depuis plusieurs années, sa fortune personnelle, très-considérable, était retournée à son beau-frère puîné, le père d’Adrienne de Cardoville ; ce dernier étant mort depuis dix-huit mois, cette jeune fille se trouvait donc alors la dernière et seule représen-