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tante de cette branche de la famille des Rennepont.

La princesse de Saint-Dizier attendait sa nièce dans un assez grand salon tendu de damas vert sombre ; les meubles, recouverts de pareille étoffe, étaient d’ébène sculptée, ainsi que la bibliothèque, remplie de livres pieux. Quelques tableaux de sainteté, un grand christ d’ivoire sur un fond de velours noir, achevaient de donner à cette pièce une apparence austère et lugubre.

Madame de Saint-Dizier, assise devant un grand bureau, achevait de cacheter plusieurs lettres, car elle avait une correspondance fort étendue et fort variée. Alors âgée de quarante-cinq ans environ, elle était belle encore ; les années avaient épaissi sa taille, qui, autrefois d’une élégance remarquable, se dessinait pourtant encore assez avantageusement sous sa robe noire montante. Son bonnet fort simple, orné de rubans gris, laissait voir ses cheveux blonds lissés en épais bandeaux.

Au premier abord, on restait frappé de son air à la fois digne et simple ; on cherchait en vain sur cette physionomie, alors remplie de componction et de calme, la trace des agitations de sa vie passée ; à la voir si naturellement grave et réservée, l’on ne pouvait s’habituer à