Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ! il faudra demander à la Mayeux comment elle fait pour trouver à s’occuper, car certainement elle vit de son travail.

— Tu as raison, elle nous le dira, et quand nous le saurons, Dagobert aura beau nous gronder, vouloir faire le fier pour nous, nous serons aussi entêtées que lui.

— C’est cela, ayons du caractère ; prouvons-lui que nous avons, comme il le dit lui-même, du sang de soldat dans les veines.

— Tu prétends que nous serons peut-être riches un jour, mon bon Dagobert ?… lui dirons-nous, eh bien !… tant mieux ; nous nous rappellerons ce temps-ci avec plus de plaisir encore. Ainsi, c’est convenu, n’est-ce pas, Rose ? La première fois que nous nous trouverons avec la Mayeux, il faudra lui faire notre confidence et lui demander des renseignements ; elle est si bonne personne, qu’elle ne nous refusera pas.

— Aussi quand notre père reviendra, il nous saura gré, j’en suis sûre, de notre courage.

— Et il nous applaudira d’avoir voulu nous suffire à nous-mêmes, comme si nous étions seules au monde.

À ces mots de sa sœur, Rose tressaillit.

Un nuage de tristesse, presque d’effroi, passa sur sa charmante figure, et elle s’écria :