Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/203

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quatre heures, il a été arrêté… et conduit en prison… »

Quoique les orphelines ne prissent point part à ce triste entretien, on lisait sur leurs figures attristées, dans leurs regards inquiets, combien elles souffraient des chagrins de la femme de Dagobert.

— Mais cette demoiselle ?… s’écria Françoise, tu aurais dû tâcher de la voir, ma bonne Mayeux, et la supplier de ne pas abandonner mon fils ;… elle est si riche… qu’elle doit être puissante ;… sa protection peut nous sauver d’un affreux malheur !

— Hélas ! dit la Mayeux avec une douloureuse amertume, il faut renoncer à ce dernier espoir.

— Pourquoi ?… puisque cette demoiselle est si bonne, dit Françoise ; elle aura pitié quand elle saura que mon fils est le seul soutien de toute une famille… et que la prison pour lui… c’est plus affreux que pour un autre, parce que c’est pour nous la dernière misère…

— Cette demoiselle…, reprit la Mayeux, à ce que m’a appris la jeune fille en pleurant… cette demoiselle a été conduite hier soir dans une maison de santé ;… il paraît… qu’elle est folle…

— Folle… ah ! c’est horrible… pour elle… et pour nous aussi, hélas !… car maintenant